Monday, September 28, 2009

Madonna: Une Rétrospective (Première partie: les 80's)

Cette semaine, ou la dernière, ou la prochaine, je ne sais plus, Madonna sort un Best of monstre, intitulé Celebration, pour fêter ses soixante ans de carrière (et accessoirement aussi parce que c’était marqué sur son contrat avec Warner). Et vu que je suis le Pédé de la bande, je ne peux décemment pas me permettre de passer à coté de cette célébration de l’icône ultime de tous les homosexuels du cosmos, des confins de l’Ouzbékistan à la pointe du Cap Horn.

Alors je vous propose une rétrospective chronologique de la carrière de la dame, en trois parties, parce que sa carrière est presque aussi longue que celle de Valéry Giscard d’Estaing.

1958: Madonna Louise Ciccone naît à Bay City, dans le Michigan.

1963: Sa mère meurt prématurément alors qu’elle n’a que 5 ans. Ses futurs biographes prennent note.

1963-1982: Des trucs sans intérêt ont lieu: école, adolescence, débarquage à New York, débuts difficiles; la routine.

1983: Pendant que le monde se remet du disco avec une sévère gueule de bois, Madonna débarque -le cheveu en pétard, de la dentelle rapiécée sur le dos, une jupe par-dessus ses leggings ou ses bas résilles, et recouverte d’assez de crucifix et de verroterie pour fournir une demi-douzaine de brocantes spécialisées en bijoux fantaisie- avec son premier album sobrement intitulé Madonna. Holiday casse la baraque (et restera son hymne national), suivi par le très drôle Borderline et l’inoxydable Lucky Star. Un million d’années plus tard, force est de reconnaître que ce premier album est un assez irrésistible concentré de son pop-dance eighties, et qu’en ces temps de revival années 80, il plutôt très bien vieilli, pour peu qu’on se délecte des sonorités d’improbables synthés et autres boites à rythmes crépitantes.

Mon choix: le très rock’n'roll Burning Up, et Think of Me, idéal pour une séance d’aérobic.

1984: Madonna débarque aux premiers MTV Video Music Awards et entonne Like a Virgin, vêtue d’une robe de mariée spécialement conçue pour faire le tapin, perchée en haut d’un gâteau, puis se roule par terre en couinant. Et en passant, entre dans l’histoire, et devient la femme la plus connue du monde. Britney Spears, qui a trois ans à l’époque, prend note. La chanson devient son titre phare et l’une des plus célèbres de l’histoire la pop, et l’album Like a Virgin sort dans la foulée. Comme la jeune fille n’aime pas s’entourer de manchots, elle a choisi Nile Rodgers, leader de Chic -qui vient tout juste de produire les blockbusters Diana pour Diana Ross et Let’s Dance pour Bowie- pour le lui confectionner. Carton plein. L’ironie du second single, Material Girl, passe inaperçue, et le surnom lui collera à la peau jusqu’à la mort. Malgré quelques titres inutiles (Love Don’t Live Here Anymore) ou grotesques (Over and Over), l’album demeure un classique pop incontournable.

Mon choix: Dress You Up, imbattable pic de kitsch bariolé, aussi jouissif au premier qu’au douzième degré.

1985: Madonna tient son premier rôle au cinéma dans l’amusante comédie Recherche Susan Désespérément. Elle est éclipsée par son blouson, mais se rattrape en chantant la chanson originale du film, Into The Groove, probablement un des titre les plus implacablement dansants ce côté-ci de Michael Jackson. Puis elle se marie avec Sean Penn. Je sais, ça parait dingue aujourd’hui, hein?

1986: Madonna sort True Blue. 24 millions de personnes l’achètent. Ou 12 millions de personnes l’achètent deux fois. Quoi qu’il en soit, c’est un succès. Madonna a grandi (ou mûri comme on dit dans le jargon musical), lâché ses oripeaux de punkette, s’est fait couper les cheveux courts, et le public suit en masse. L’album, tel un Dr. Jekyll et Mister Hyde musical, se divise entre cinq singles monstres -Live to Tell, probablement sa meilleure ballade de la décennie; l’immortel Papa Don’t Preach; l’énérgique Open Your Heart; l’effervescent True Blue; l’indéboulonnable La Isla Bonita- et le reste, composé de titres bâclés et inaudibles qui constituent sans doute le pire de sa discographie. Dans le même temps, Madonna et Sean, voulant jouer à Humphrey Bogart et Lauren Bacall, se compromettent dans un mirifique navet, Shanghai Surprise, et nous mettent dans un embarras profond.

1987: Pas échaudée par son Razzie Award de la pire actrice de l’année, Madonna s’enfonce avec Who’s That Girl, dans lequel elle se prend cette fois très malencontreusement pour Judy Holliday, mais n’arrive même pas au niveau de Melanie Griffith. Elle fait une Tom Hanks, remportant un second Razzie Award consécutif. La GÊNE.

1988: Madonna soigne son orgueil blessé. Puis divorce.

1989: Madonna est un femme. Elle sort Like a Prayer et surprend tout le monde, montrant qu’elle a ce qu’il faut pour durer. La chanson titre, sublime mélange de pop, rock et gospel, est accompagnée d’un clip plutôt gentillet dans lequel elle fait un bisou à un Jesus Noir. Les vieux croûtons du Vatican s’étranglent avec leur osties, et les minables qui dirigent Pepsi annulent le contrat publicitaire sur lequel ils s’étaient engagé avec la star, préférant perdre leurs sous que garder leur culotte. Le reste du monde écoute l’album, kaléidoscope de titres imparables aux sonorités diverses dans lequel Madonna, pour la première fois, semble vraiment parler d’elle. Le monde se demande si elle ne serait pas une artiste.

1990: N’ayant pas compris que la musique lui réussit mieux que le cinéma, Madonna couche avec Warren Beatty, qui semble lui-même embarrassé par la situation, puis tourne dans son adaptation très colorée de Dick Tracy, où elle interprète une chanteuse de cabaret, et de belles chanson de Stephen Sondheim. L’aspect cartoon limite les dégâts, d’autant qu’un Pacino en plein délire désintègre tout ce qui tente d’exister sur un rayon de vingt kilomètres. (L’expérience Madonna aura néanmoins sévèrement traumatisé le célibataire endurci et niqueur légendaire Beatty, qui s’est empressé après coup d’épouser Annette Bening et de lui fait quatre enfants en à peu près vingt minutes.) Maligne, Madonna sort un album entier inspiré par le film, I’m Breathless, dans lequel elle parodie comme une idiote le style musical des années 40-50, et qui ne serait qu’une vaste fumisterie si le dernier titre du disque n’était une sorte de bombe nucléaire appelée Vogue -dont David Fincher tire un clip légendaire inspiré par les stars du Golden Age que la garce pille sans vergogne depuis toujours- prouvant qu’un disque de Madonna n’est jamais un achat inutile.

Elle embraye avec le Blonde Ambition Tour, éléphantesque cirque ambulant dans lequel elle simule des relations sexuelles avec un lit. Le Pape, toujours aussi à la page, incite les chrétiens à ne pas assister au concert. Les chrétiens s’en cognent et y vont.

Madonna clôt la décennie avec son premier Best of, joliment titré The Immaculate Collection, qui contient une merveille élégamment érotique concocté avec Lenny Kravitz, Justify My Love, dont le clip réalisé par Mondino, qui contient des bouts de fesses et de nichons, fait scandale, et devient le tout premier à être interdit sur MTV. Pas impressionnée, la Diva le sort en VHS, et fait un nouveau carton. Épuisant.

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